Conférence – « Le sans-abrisme, une fatalité? » par Christine Mahy
Christine MAHY a été invitée le 18 juin à l’occasion de l’AG annuelle de notre ASBL. Pendant plus d’une heure, Christine MAHY a osé aborder sans tabous le thème difficile de la pauvreté. Les nombreux bénévoles présents (une centaine) ont été conquis par son analyse, son combat et sa détermination face à un problème de société très complexe.
Quelques points forts de l’exposé :
On parle de sans-abrisme mais aussi de plus en plus de « sans chez soirisme » ; en effet les personnes précarisées, pour éviter d’être à la rue, vont quelques temps chez un ami, un parent, une connaissance qui les héberge à titre provisoire.
Le droit au logement existe en Belgique, mais les loyers sont très élevés, souvent à partir de 450e minimum.. Quant au droit à manger, les structures existent mais c’est frustrant, humiliant de devoir demander pour avoir à manger.
Alors que les richesses ne cessent de croitre dans notre société, le « sans-abrisme » ou « sans chez soirisme » sont des réalités qui deviennent pérennes dans notre société. Croitre et embellir ou croitre et enlaidir ?
Heureusement, il y a des structures publiques et privées pour apporter une aide ponctuelle aux personnes au bord du chemin,(merci à THERMOS), et on pourrait penser que « la vie dans la rue » est un système qui tient. Certains politiques semblent s’en accommoder, alors qu’il faut poigner dans les causes du système.
Christine MAHY pointe différentes causes tout en écartant la fatalité :
- Une rupture affective massive
- Un rendez-vous raté (avec l’école, le boulot, la mutuelle, le chômage)
- Une addiction : au jeu, à la dépense, aux drogues, à l’alcool, ..
- L’organisation de la société : par exemples,
- l’accueil des demandeurs d’asile est déficient ; plusieurs causes de la migration (telles les crises climatiques) ne sont pas prises en compte ;
- la politique du logement qui est trop timide avec seulement 7% de logements sociaux et des logements souvent mal isolés
- le seuil de pauvreté se situe entre 1.200 et 1.300€ pour 1 personne seule, mais les indemnités aux plus faibles sont loin en-dessous
- la Belgique est le seul pays européen à prévoir une allocation pénalisant le cohabitant ; cela entraine de facto une fraude sociale pour survivre, qui est plus souvent sanctionnée que la fraude fiscale.
- l’indemnité de détention pour bracelet électronique (qui pallie à l’absence de places en milieu carcéral) est de 600€.
- Les jeunes sortant d’IPPJ à leur majorité sont trop souvent mal préparés à affronter seuls la vie (on n’a pas le même sac à dos quand on se lance dans la vie)
Christine MAHY pointe néanmoins certaines issues pour inverser la tendance :
La Wallonie vient de se doter d’un Plan de sortie de la pauvreté. Et cela marche dans les pays nordiques, comme la Finlande qui crée plus de logements que de personnes à devoir loger. On développe comme aux USA un programme Housing First, càd un logement d’abord avec un accompagnement. La RW réfléchit à des solutions adaptées avec le terrain.
Il faut investir dans les briques mais aussi dans l’encadrement. Le point de bascule critique pour un sans abri est de 3 à 4 semaines : au-delà, les chances de sortir de la rue diminuent fortement.
La RW devrait se fixer des objectifs progressifs, par exemple : plus 1 seule femme dans la rue, ensuite plus 1 seule famille dans la rue.
Madame MAHY a remercié à de nombreuses reprises les volontaires de THERMOS et les a confortés dans le bien-fondé de leur engagement, avec l’espoir que la situation s’améliore progressivement.